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La madone a terminé son exil


Elle est bien âgée de quatre siècles, elle est en bois, elle fait 70cm de haut, c’est une statue, c’est un chef d’œuvre du XVIIe siècle, c’est une pièce précieuse du patrimoine de Champagné-Saint-Hilaire.

Après 42 ans de séjour au secret, dans les réserves du musée Sainte-Croix à Poitiers, elle revient dans notre commune et paroisse. Elle avait été l’une des 60 statues qui composaient l’exposition Madones du Montmorillonnais présentée du 6 juillet au 2 septembre 1979 dans la chapelle de Montmorillon et du 15 septembre au 15 octobre au Musée Sainte-Croix.

Pour une question de sécurité, elle y est restée, et c’est un raison d’un réagencement du fonds artistique de ce musée qu’elle est rentrée ce matin du jeudi 12 août 2021, chez son propriétaire, la commune de Champagné-Saint-Hilaire. Un petit comité, sur la responsabilité de Monsieur le Maire Gilles BOSSEBOEUF, était heureux de découvrir cette Sainte Marie sous les traits d’une femme robuste, couverte d’une robe et d’un manteau plissés.

Ses mains trapues plaquent l’Enfant Jésus sur son flanc gauche, dans une attitude solennelle plutôt que maternelle, ses yeux et ceux de l’enfants fixés vers le lointain.

Ni le nom du sculpteur, ni l’origine du bois ne sont connus, mais sa datation au 17e siècle est confirmée par plusieurs détails, vestimentaires notamment. La Vierge de face est « vêtue d’une robe à manches longues et ajustées, dont l’encolure est pourvue de plis souples. Le bas de la robe porte des plis creux en virgules sur sa jambe gauche et un faisceau de plis verticaux à arêtes aigües sur la jambe droite » Ils découvrent l’extrémité du pied gauche chaussé d’un soulier à bout rond.

Il est facile de comprendre la prolifération des madones au siècle de Louis XIV si l’on se rappelle que les 40 dernières années du siècle précédent ont été ensanglantées par des Guerres de Religion, catholiques, contre protestants (ou calviniste, réformés, huguenois). Un des désaccords portait sur le statut de la Vierge Marie dont les protestants craignaient qu’elle prenne trop de place dans l’intercession des fidèles auprès de Dieu...
L’Edit de Nantes imposé par le sage Henri IV en 1598 a mis fin aux atrocités remplacées, heureusement, par des moyens de séduction plus chrétiens. Les madones (la Mère et l’Enfant) envahissent les églises catholiques, souvent polychromes donc dans tout leur éclat de beauté et d’attendrissement. Comme celle en pierre qui orne le choeur de l’église Saint-Gervais et Saint Protais, la madone de bois qui revient dans sa commune-paroisse a subi les dégradations du temps.

L’Enfant a perdu les mains et les pieds et le bois est un peu fendu, mais des traces de polychromie montrent la qualité du bleu du corsage et du voile, et du rouge de la robe et du manteau.

Par la technique de l’anoxie qui consiste à placer la statue dans un volume étanche privé d’oxygène, pour que les insectes à tous les stades soient exterminés dans le bois, elle est préservée des nouvelles dégradations naturelles.

Cette statue va pouvoir prendre une place importante dans le patrimoine sculptural de Champagné-Saint-Hilaire en tant que chef d’œuvre et de témoignage de l’histoire religieuse de notre commune.

Elle s’ajoute aux quatre divinités païennes qui date de l’époque romaine et aux personnages laïques, bibliques et surnaturels sculptés sur la façade de l’église romane. Elle symbolisera l’admission d’une religion chrétienne multiculturelle et peut-être la reconnaissance au moins biblique de l’importance historique de la femme.

Louis VIBRAC
15/08/2021

Prêt pour l’exposition « Madones du Montmorillonais »  1979

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État constaté en 1979

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Bois avec traces de polychromie XVIIe siècle (?)
H. : 0,70 m
CHAMPAGNÉ-SAINT-HILAIRE
Église Saint-Gervais et Saint-Protais

La Vierge, debout de face, jambe gauche fléchie en avant, porte à deux mains, devant son flanc gauche, l’Enfant Jésus qui est debout, à demi tourné vers sa mère, visage de face.

La Vierge est vêtue d’une robe à manches longues et ajustées, dont l’encolure est drapée ; le corsage marque légèrement la poitrine, et le bas de la robe souligne la forme de la jambe gauche avec des plis creux en virgules, alors que l’autre jambe est cachée par un faisceau de plis verticaux à arêtes aigües. Les plis s’aplatissent sur le sol en découvrant l’extrémité du pied gauche chaussé d’un soulier à bout rond. Un grand manteau couvrant la tête et les épaules enveloppe la jambe droite puis se drape devant l’abdomen avec des plis étagés en U ; l’extrémité est en jetée sur le coude gauche. Le bord d’un voile apparaît sur le front. Le coup est trapu, le visage ovale avec une bouche épaisse, un nez large et des yeux saillants très écartés.

L’Enfant porte une longue tunique dont l’encolure est ronde et la taille serrée par une ceinture ; son visage est ovale avec un menton saillant et un front bombé. Les cheveux très longs et ondulés tombent dans le dos.

État de conservation : les mains et les pieds de l’Enfant, ainsi qu’un morceau de son front ont disparu. Le bas de la statue est fendue, ainsi que le corps de l’Enfant. Le dos est vermoulu.

Le canon trapu, le vêtement et la chevelure de l’Enfant, la présence d’un soulier à bout rond font penser à une œuvre du XVIIe siècle.

Restitution de la statue

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Constat de l'état de la statue

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Constat de l'état de la statue : Photo de face

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Constat de l'état de la statue : Photo de derrière

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